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Les escrocs de la réno (1/5) : comment les faux comptes MaPrimeRénov’ prolifèrent
La fraude à la rénovation énergétique, malgré plusieurs mesures gouvernementales dont l’interdiction du démarchage téléphonique en juillet 2020, n’a jamais cessé. En cinq épisodes, nous vous détaillons les modes opératoires de génies de la fraude. Aujourd’hui, les faux comptes.
Pierre Pichère
Et si la façon la plus simple d’abuser de MaPrimeRénov’ était de la toucher sans réaliser le moindre chantier ? La gestion par l’Anah de MaPrimeRénov’, aide directe remplaçant l’ancien crédit d’impôt versé l’année suivante, couplée à l’instauration d’un système de mandataire offrant à des entreprises la possibilité de représenter des particuliers, a ouvert à des réseaux d’escrocs le moyen de recycler des méthodes éprouvées.
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Pour enclencher MaPrimeRénov’, le client particulier doit obligatoirement créer son compte en ligne. Il peut ensuite éventuellement déclarer un mandataire, entreprise de travaux ou autre, qui prend le relais pour percevoir directement la prime. Certains ne s’encombrent pas de scrupules et créent donc de toute pièce de faux profils de clients, dans le but de percevoir la subvention sur des travaux qui n’ont jamais eu lieu.
Avec nom et prénom, la chose est aisée pour un escroc aguerri. Le formulaire demande un numéro de téléphone ? Une carte prépayée fait l’affaire. Une adresse mail s’ouvre en quelques clics. Vient ensuite l’étape de l’identification par France Connect. « Certains en ont constitué des listes avec les CEE, d’autres achètent des fichiers avec des identifiants France Connect pour quelques centaines d’euros », explique un observateur, dégoûté par l’ampleur de ce qui se déroule sous ses yeux.
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Une fois le compte créé, les sommes sont généralement débloquées assez vite, surtout pour des petits montants. Ces entreprises font disparaître en quelques clics les fonds vers des comptes à l’étranger. « Ils nous sont généralement signalés par Tracfin (service de Bercy chargé du traitement du renseignement financier, NDLR) alerté par ces comptes où ne transitent que des sommes issues de MaPrimeRénov’, qui s’évaporent très vite », explique la commissaire Sophie Robert, chef de la brigade de répression de la délinquance astucieuse à la préfecture de police de Paris. Puis vient le temps de la vérification éventuelle des travaux par l’Anah. Mais vu les délais, le mandataire a depuis longtemps fait faillite ! « La mort de ces entreprises est souvent programmée dès leur création », poursuit notre observateur.
La fraude peut aussi transiter par des mandataires établis, qui n’ont pas forcément les moyens de la détecter. L’un deux, qui a également souhaité rester anonyme, raconte. « J’ai reçu récemment une trentaine de dossiers MaPrimeRénov’ d’une entreprise que je ne connaissais pas. Nous avons vérifié sur Google Maps les adresses, toutes correspondaient à des maisons peu visibles, cachées par un bosquet ou un grand arbre. Et les numéros de téléphone tombaient tous sur des messageries standardisées, semblables à celles des numéros correspondant à des cartes prépayées. » Une vigilance qui devrait inspirer tous les mandataires de bonne foi.
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